08 Jan Mes 10 ans de graphiste Freelance
Vous avez pas le temps de lire ?
Voici pour vos belles oreilles !!
J’ai 41 ans et je suis freelance !!!! 10 ans…. 10 ans de liberté, d’épanouissement personnel…. Ouais enfin c’est ce qu’on fantasme quand on parle de travailler à son compte, être son propre PATRON et ouais parce qu’elle est là la vérité !!! I’m THE BOSS…. Alors vous voulez que je vous raconte tout ? Vous voulez connaître les détails de mon parcours dans les grandes lignes et les petites largeurs ?? Ça vous picote, ça vous démange ?? Je vous sens vous tortiller sur votre chaise…. C’est parti, je me livre, en vrac, je vous dis tout, promis…
Mes débuts
Parce qu’il faut commencer un jour et que dans les années 90, le modèle qu’on vend à tout le monde c’est d’aller bosser dans une boîte de Com, je m’attelle à la tâche et dégote mon premier job dans une agence Parisienne. Le hic, c’est que je loge à Colombes… L’appart parisien est encore large au-dessus de mes moyens… Alors, chaque matin pendant 1 heure, dans le RER, c’est vie en société, mais serrée la société, très serrée…
Et puis, mais qui n’en a pas, j’ai un gros problème existentiel… Mon style !! Travailler en agence de Com, c’est vivre, exister dans un monde où la créativité doit transpirer, tu te dois de dégouliner de charisme et d’originalité, ça doit se voir, signe extérieur de créativité !!
Alors, chaque matin, dans ces halls de gare bondés, au détour du reflet d’une vitre, d’un miroir, je passais en revue la troupe, revue de chambrée et c’était pas joli, joli… Une vague sensation de pas être dans le coup, une pression de malade… Une course sans fin vers le mieux.
Résultat : un dressing qu’il fallait revisiter sans cesse pour ne pas risquer la fringale esthétique…
Résolue j’avançais dans ce monde de la création graphique… Chaque instant était pour moi un vrai défi : trouver l’inspiration, l’idée géniale… J’affûtais mes crayons et me plongeais corps et âme dans une quête du toujours mieux… Et puis l’examen, la colle devant mon jury : mon patron et le DA… Stress… Transpiration, sueurs froides… Dur d’encaisser quelquefois … Mais je voulais tracer mon sillon coûte que coûte… Des heures sur mes œuvres…
Je partais en vrille, une VDM comme on dit ? Je savais que c’est ce que je voulais faire, mais plus comme ça… Fini le cliché, la ritournelle métro, boulot, dodo… Donner un coup de pied dans la fourmilière, pousser mémé dans les orties, cent balles et un mars…. Je veux !!!
Alors à la première occase, je lève le camp, je plie les gaules, je hisse la grand-voile, je me barre… et c’est arrivé… Nantes, me voilà… Nous sommes en 2007…. On change tout… nouvelle vie, nouveau statut… I’m FREELANCE now….
Le soufflet
Bon c’est pas tout ça mais je connaissais rien au travail de freelance… Help ! Help !
Oui enfn ce n’était quand même pas si catastrophique que ça… Je partais avec un petit réseau d’agences avec lesquelles j’avais noué de très bons contacts et puis j’avais mon petit livre jaune…. Pas le petit livre rouge mais jaune, à chacun son idéologie… La bible du graphiste freelance, le livre de chevet et du lieu d’aisance, aussi, une lecture de chaque instant… bref il fallait s’y mettre… et je m’y suis mise avec conviction. J’étais dans les starting-blocks, prête pour le départ…
Première étape : s’aménager un lieu à moi, un lieu de travail où je me sentirai bien… Bon là ça a été vite vu… Je me suis retrouvée à la maison… Mais attention, je me suis fait un bureau cosy, agréable, rempli d’énergie créative… L’excitation à son comble, j’ai commencé à bosser, ma nouvelle vie me remplissait de joie… Allô !! Du travail pour moi ? No problem !! 7h – 20 h, pause dèj, 15 minutes. Vie de famille ?? On verra après !! Bon, parce qu’on renonce pas à sa charge mentale, j’ai quand même le temps de mettre quelques machines à tourner !!!!
Au bout du compte, mon premier salaire rapidement…
J’étais super fière… Mais ça c’était avant le drame…
L’erreur du débutant, la boulette, the big mistake, la grosse loose…. Vous y croyez, vous, une nana pro comme moi qui bosse dans le web design, qui passe des heures sur son Mac et qui zappe total les sauvegardes…? Non mais c’est comme demander à un trapéziste de sauter sans filet, au petit Hector, 4 ans et 3 jours de faire du vélo sans les roulettes… Bon qu’est ce qui se passe ?? Ben Hector, il se gamelle… Je me suis gamelée, mon ordi m’a lâché. J’ai tout perdu, des heures de dur labeur, les larmes au bord des yeux, je doute de moi…
Rebondir, ne rien lâcher, avancer… Ces mots comme un leitmotiv, une persistance rétinienne, sauvegarder, bosser, sauvegarder, dormir, bosser, sauvegarder…. Une deuxième vie, un nouveau souffle. Nota bene : dire aux auteurs du livre jaune de mentionner ce p***** de « léger » détail…
Ma vie reprend son cours, boulot, promenade en bord de Loire, boulot, et…. un enfant… boulot, promenade en bord de Sèvre, boulot… et …un autre enfant… boulot, promenade au bord de l’Erdre, boulot … un chien ??
Les enfants, c’est un projet de vie, fonder une famille, s’épanouir avec eux, les voir grandir, les ouvrir à la vie, Une certaine idée du bonheur quoi… Mais un chien ??… Faut être honnête, au début, ça ressemble à une boule de poil, toute douce, c’est super, j’adore, et puis cette petite boule de poil grandit, grossit, avale un ch’val à chaque repas, et tadam… ça devient un gros père qui me lâche pas, qui me colle du soir au matin, la glue !! Oly pousse toi !! Oly tu pues !! Raaaaaaaahhhhhh … J’en peux plus !!
Mes boulots : graphiste de 8h à 16h30 et maman de 16h30 à 20h00, éleveuse de chien à la journée… c’est intense, c’est dur. J’ai l’impression de ne plus y arriver. Trop dense, trop de choses auxquelles penser… Le soufflet retombe…
Une vie de jeune maman, un nouveau statut, le père de mes enfants souvent en déplacement, des parents loin de Nantes, je me retrouve souvent seule à tout gérer… surtout le chien… Je croule sous le boulot, mais je suis fière de ce que je suis en train de construire tant personnellement que professionnellement. Je fais mon petit bonhomme de chemin… mais un petit bonhomme qui donne du fil à retordre, genre récalcitrant, teigneux, qu’en fait rien qu’à sa tête … Je travaille comme jamais, les soirs, les week-ends, et les dimanches de Pâques….
6 ans… 6 ans sur ce rythme, en mode pilote automatique… et puis cette envie de changement, de redonner un cap, un cadre… De toutes façons, je n’ai plus le choix, j’atteins mes limites, quelque chose doit changer… Petit guide du changement :
1- Changer d’environnement : je décide de me trouver un bureau, un vrai, hors de chez moi, aaaaaaaahhhhhhh de l’air…..
2- Une thérapie … ben oui… Pourquoi pas ?? Se poser les bonnes questons, pourquoi ? Comment ? Pour aller où ? C’est quand Noël ?…
3- Prendre de vraies décisions…. De celles qui changent le paradigme…
Parce qu’il faut se rendre à l’évidence, j’ai les deux plus beaux enfants du monde, en toute objectivité…. J’ai un travail que j’aime, un statut de freelance que je kiffe, une cadre de vie assez pas mal… Alors qu’est ce qui cloche ??
Moi peut-être ?
Prendre soin de moi, me redonner des priorités.
Je trouve un bureau dans un espace co-work pas loin de chez moi… ma vie se ré-organise… mes enfants grandissent, je vois qu’autre chose est possible… bon, il faut que je m’organise davantage, donc horaires cadrés, planning de travail, priorisation des projets, je m’or-ga-nise…. Tous les lundis matin, mon premier job : prendre une feuille A4 dans le sens de la largeur, tracer des traits, et remplir, lundi, mardi, …. Bon j’avoue, chez tout le monde ça s’appelle un agenda… J’avance à mon rythme…
J’ai l’impression que tous les cubes s’empilent comme il faut, les nœuds que j’ai dans la tête se défont, j’y vois clair… Mes heures sombres sont derrière moi…
Equilibre, calme, luxe et volupté.
Je m’applique à des horaires compatibles avec le reste de ma vie. Prendre un mercredi de temps en temps pour mes enfants, me retrouver avec moi-même, en mode introspection. Mes week-ends sont de vrais temps de pause, me ressourcer, me remplir d’inspiraton créative, j’exulte….
Aujourd’hui, j’ai trouvé mon équilibre, je pause mes pensées, mes plus, mes moins dans un carnet, j’en apprends encore chaque jour : savoir dire non, mieux accompagner mes clients sur la durée,..Je m’écoute, je me fais CONFIANCE….
Alors, en guise de conclusion, et comme le disais Confucius,
« le bonheur ne se trouve pas au sommet de la montagne, mais dans la façon de la gravir .»